Cet article est écrit par Virginie Löy, du blog Une chose par jour. « Je suis une ancienne victime, bien reconstruite. Je suis conseillère sur une ligne de soutien téléphonique et j’accompagne des femmes qui veulent se libérer des séquelles de relations abusives. Les activités créatives et artistiques qui ont aidé ma reconstruction sont : la mosaïque, le modelage, la peinture, le crochet. »
Nous rencontrons toutes, un jour, des personnes toxiques : dans notre vie amoureuse, au travail, en amitié peut-être, et parfois depuis l’enfance.
Si certaines de nous passent leur chemin, d’autres s’enfoncent dans des relations toxiques jusqu’à se perdent elles-mêmes, et peuvent mettre des années avant de se libérer des conséquences de ces relations malsaines.
Renouer avec sa créativité est l’une des manières de se reconnecter à soi-même pour guérir d’une relation toxique.
Ce n’est pas la seule. Il est parfois nécessaire de se faire aider avec des thérapies classiques. L’éventail des ressources s’est beaucoup élargi et le développement personnel aide à aller de l’avant.
Cependant, nous reconnaissons désormais aussi que s’investir dans des activités artistiques et renouer avec son corps sont des moyens fabuleux pour s’affranchir des souffrances d’une relation toxique.
Dans cet article, j’examine :
Pourquoi les victimes sont-elles souvent des personnes créatives ?
Comment les activités artistiques aident-elles à guérir d’une relation toxique, et lesquelles choisir ?
Être créative rend vulnérable à une relation toxique
On reconnaît trois principales caractéristiques chez les victimes de violence psychologique (une seule suffit, mais le cumul n’est pas rare) :
- elles ont subi des carences affectives, voire de la violence, dans leur enfance
- elles sont à un passage vulnérable de leur vie (suite à un choc émotionnel, par exemple un deuil, une maladie, etc.)
- elles sont des zèbres / surefficientes / hypersensibles
Ces dernières sont des personnes qui sont souvent très créatives, mais leur manière de penser, en « arborescence », leur a souvent causé des problèmes d’adaptation dès l’enfance.
Pour compenser, elles cherchent à être aimées en se conformant aux attentes des autres et en « bridant » leur personnalité, donc leur créativité. Ce comportement les rend vulnérables aux personnalités manipulatrices et toxiques.
Au sein de telles relations, cette tendance est exacerbée, au point que la victime n’a plus aucune conscience de qui elle est vraiment.
Selon la toxicité de la relation, la victime se replie sur elle-même et doute de toutes ses capacités.
Elle est parfois isolée socialement et professionnellement.
Elle met longtemps à comprendre les mécanismes dont elle est victime et ce n’est parfois que quand le corps « lâche » qu’elle réalise qu’il lui faut s’éloigner de la personne toxique.
La créativité artistique pour guérir
Le processus pour se libérer est long, car se séparer ne suffit pas.
Il est souvent nécessaire de faire le travail de comprendre ce qui s’est passé et de SE comprendre, non seulement pour guérir, mais aussi pour ne pas retomber dans les mêmes pièges.
J’ai été surprise en tant que conseillère de voir que tant de victimes souffrent encore, des années après la séparation.
Alors que moi aussi, j’avais mis des années à me reconstruire !
Les thérapies classiques aident parfois (mais pas toujours) à comprendre le passé.
Pour ma part, je préfère accompagner la reconstruction de manière plus active avec des outils de développement personnel et en encourageant les victimes à se reconnecter à leur potentiel créatif.
Après avoir divorcé d’un mari violent, il y a plus de 15 ans, je me suis lancée dans la mosaïque, dont j’ai fait mon métier pendant plus de 10 ans. Je ne savais pas, alors, que cette expression artistique était en soi une thérapie, une manière de me reconstruire pièce par pièce. (C’est le cas de le dire !)
Par ce travail créatif, j’ai dépassé la relation toxique que j’avais quittée, et celles de mon enfance. Je me suis autorisée à devenir la personne que j’étais vraiment et à qui on n’avait pas donné de place.
Mon cas n’est pas unique du tout.
Les formes de création sont variées, et devraient être encouragées par tous les thérapeutes.
L’écriture
L’expression artistique la plus commune est certainement l’écriture, dont les vertus thérapeutiques sont reconnues.
Certaines femmes s’expriment par la prose et le témoignage (ils sont nombreux sur Amazon), d’autres se libèrent dans la poésie.
Elizabeth Gilbert, l’auteur du best-seller « Mange, Prie, Aime » a été elle-même victime d’une relation de couple toxique.
Elle explique dans son livre sur la créativité « Comme par magie » :
« Le résultat importe peu, du moment que tu crées ce que tu sens devoir créer et que tu donnes le meilleur de toi. »
Les arts plastiques et appliqués
L’intérêt des activités artistiques telles que la peinture, le modelage, ou même la mosaïque (pourquoi pas !) est multiple :
- ce sont des arts visuels. Quel que soit le temps passé sur un travail, le résultat est concret. C’est un aboutissement très important pour une personne qui s’est souvent entendu répéter qu’elle n’était capable de rien, qu’elle était nulle, etc.
- l’implication mentale requise est bénéfique. Il est difficile de ressasser en même temps que l’on cherche sur sa palette un mélange de couleur satisfaisant ou que l’on taille la bonne forme de mosaïque. Paradoxalement, cette concentration repose le mental.
- ces activités, par leur côté physique, connectent chacune à leur manière le corps et l’esprit.
Chacune peut trouver l’expression artistique qui lui convient :
travailler la glaise relaxera l’une tandis que des couleurs vives sur une immense toile libéreront les gestes et l’optimisme d’une autre.
Le tricot permettra à l’une de créer dans les transports en commun, une autre renforcera son sens de la contribution en créant des objets avec des matériaux recyclés.
La musique, la danse, les expressions corporelles
Le mouvement est très important pour se reconnecter à son corps, et parfois aussi pour réapprendre à faire confiance à d’autres personnes, au sein d’un projet commun.
La violence d’une relation toxique peut effectivement mener à vivre dans la dissociation de son corps et c’est tout un apprentissage qu’il faut faire pour se le réapproprier.
Ainsi dans son livre « Sortir de la maltraitance », la psychologue Edith Lombardi nous donne de merveilleux exemples de reconquête de soi grâce à la danse, et même aux arts du cirque !
Comment choisir son activité créative ?
Pour avoir des pistes, on peut faire appel à ses souvenirs :
- Qu’aimait-on pratiquer quand on était enfant ?
- Quelles activités aimions-nous, ou pratiquions-nous avant cette relation ?
- Mais aucune raison de se limiter à ce qu’on connaît déjà, bien au contraire !
C’est le moment de découvrir qui nous sommes vraiment.
Il n’y a qu’une chose à faire : se lancer. Essayer. Tester. Apprendre.
Pas pour le résultat.
Uniquement pour la satisfaction de faire.
En complément, lire l’article : Le jeu de rôle pour sortir d’une relation conflictuelle
Bonjour,
J’aime beaucoup ta façon d’écrire. Cela est apaisant ^^.
Tu cernes bien les personnes ayant traversé ça. Moi-même « victime » (je déteste pas ce mot) de relation toxique, ce qui prend le plus de temps, c’est SE pardonner et SE reconstruire. J’ai moi aussi trouvé un peu plus de paix dans l’expression créative… Et puis la vie est trop courte pour ne pas s’amuser avec l’art!
A bientôt!
Bonjour Océane,
Cet article a été écrit par Virginie Löy, du blog https://une-chose-par-jour.com/ , un blog pour les femmes ayant eu des relations néfastes. Il pourrait peut-être t’intéresser. Je suis d’accord avec toi : la vie est trop courte pour ne pas s’amuser ! Et parfois pour pouvoir s’amuser, il faut juste nous donner notre propre permission !
———————————————————————————-> Permission accordée !!! :))
Serena